Par Meriem Allal – Chaque parfum de fleurs déclenche en moi un tourbillon de souvenirs. C’est immanquablement le souvenir d’une femme accueillant dans ses bras une vie dont elle-même est la source. De cette étreinte émanent des senteurs fleuries, diffuses, délicates et tendres, me procurant une sensation de sécurité et de légèreté qui enivre mon âme à chaque évocation.
Cela m’est resté comme une marque indélébile une référence éternelle à mes joies enfantines.
Ce « quelque chose de ma mère » qui caractérise ce rapport privilégié de mon enfance… n’est pas seulement un souvenir c’est aussi un lien fort qui m’emplit et m’enrichit de sensations et d’émotions chaque fois renouvelées quand je la vois. A la simple intonation de sa voix je faiblis; pourquoi? Je ne me l’explique pas ou ne peux pas me l’expliquer, mais je dirai naïvement: parce que c’est elle, parce que c’est moi et rien d’autre ….
Au mot « mère » me revient aussi une déclaration que je lui fais comme un hymne à l’amour, dont l’harmonie du verbe et du sujet employés exprime un attachement indéfectible : je t’aime maman … une exaltation du sentiment filial, et une glorification de l’amour maternel, une reconnaissance en somme qui revêt un caractère unique et exceptionnel.
Ma mère me dit souvent : « chaque être au monde a une étoile qui le suit et qui veille sur lui », elle n’a peut-être jamais pensé en me disant cela que la plus belle étoile que je puisse voir emprunte son apparence et se figure à moi avec ses propres traits. Du reste, la lumière qui jaillit de cette étoile et la fait briller est la même que celle que je retrouve dans ses yeux quand elle pose sur moi ce regard doux et serein et parfois scrutateur et inquiet au moment où elle s’interroge sur le devenir de sa fille.
Souvent elle chante pour moi les louanges du monde, et me parle avec calme et passion des vicissitudes mais aussi des bonheurs que peut nous accorder une vie m’ordonnant de puiser au fond de moi-même ce qu’il y a de meilleur pour affronter les obstacles qui pourraient joncher ma route … c’est donc seules ses espérances qui guident mes pas, et seule sa présence qui veille sur moi.
Elle m’a offert la liberté en me donnant la vie, m’a appris les principes de la vie en me donnant la liberté. Ce sont là, je pense, deux choses indissociables qui constituent la force de toutes les femmes mais avant tout c’est le pouvoir inné que possèdent toutes les mères : le monde leur a donné sa magie, et l’univers leur a accordé son mystère. Fascinantes elles le sont, et le demeureront à tout jamais.
Texte publié dans la revue Étoile d’Encre, revue de Femmes en Méditerranée, L’Outre-mère, n 1-2, mars 2000, Éditions Chèvre-feuille étoilée.
Le revue Étoile d’Encre est disponible en ligne à l’adresse suivante: http://www.revues-plurielles.org/php/index.php?nav=revue&no=19&sr=2&no_article=2655